Le baptème des cloches
Bien que l’Eglise catholique emploie le mot de bénédiction pour cet acte religieux, les fidèles préfèrent le mot baptême, car cette opération ressemble bien à un baptême avec la robe
blanche posée sur la cloche et la présence d’un parrain et d’une marraine distribuant des dragées.
Jadis, une liturgie assez lourde imposait des lectures de la Bible, des chants, antiennes et oraisons et même un exorcisme, car lors de la fonte, les flammes auraient pu entrainer la présence du
diable. Elle était ointe d’huile et de sel.
Le concile Vatican II, en 1962, a très largement amenuisé le rite, mais le parrainage et les dragées sont toujours présents à la grande satisfaction des fidèles.
Si le rôle premier des cloches était d’appeler les paroissiens aux offices divers, elles servaient également à marquer tous les évènements familiaux, baptêmes mariages, enterrements et moins connu à chasser les orages :
Autour des obsèques
Les obsèques, comme les mariages, étaient des périodes importantes dans la vie des villages. Elles resserraient les liens communautaires qui ont complètement disparu de nos jours.
Jadis, lors du décès d’une personne, tout le village était au courant par le son des cloches qui sonnaient alors les « agonies. » La distinction des sexes était marquée par le nombre de coups, les hommes en général avaient droit à deux fois plus de coups. Dans certains villages, comme à Arras, il y avait treize coups pour un homme, onze pour une femme. Une cloche plus petite annonçait la mort d’un enfant. Dans certaines villes comme à Lourdes il existait des obsèques classifiées, mais chaque classe bénéficiait d'un drap mortuaire et d'un nombre de cierges différents. Et le sonneur qui contrevenait aux usages, voire aux règlements communaux, risquait gros.
Les cloches étaient souvent mises à contribution pendant les processions destinées à éloigner les orages. Nous en connaissons l’existence officielle indirectement par cet arrêté du maire de
Lourdes, du 30 mars 1831, mis au jour par E. Seyrès, l’architecte de la ville :
« demeurant l’usage suivi dans cette commune de sonner les cloches pendant les orages,… attendu que si, dans les temps d’orage, on sonne pour un motif pieux ou pour avertir les fidèles qu’ils
doivent implorer la clémence divine, c’est aussi et plus particulièrement parce qu’on est persuadé que le son des cloches pouvait avoir la vertu d’arrêter les orages ; attendu que c’est là une
erreur reconnue depuis fort longtemps et après des expériences infiniment malheureuses, qu’en effet, au lieu de chasser les orages, nombre d’accidents contraires sont arrivés en divers lieux et
dans divers temps, […] ; il est fait défense aux sonneurs pour les églises de Lourdes et à tous autres habitants de sonner ou de faire sonner les cloches dans les temps d’orage, sous les peines
de droit. »
Mais le curé ne se contentait pas de sonner les cloches, et de réciter des prières, il organisait également des processions, croix en tête en chantant des litanies de saints ou le Miserere. Patrice Roques dans son ouvrage (1) précise :" les prêtres doivent se rendre sur la place publique face aux nuages. Ses prières ne sont cependant efficaces que s'ils jettent un de leurs souliers en arrière. Les quatre hommes les plus forts du village s'y tiennent cramponnés, afin que le diable n'emporte point la chaussure" ! Cela tenait plus de la superstition des fidèles que du droit canon
Pour les usages domestiques
Avant la parution des sirènes les cloches servaient à annoncer toutes catastrophes, incendies, avalanches, débâcles des gaves. Ce rôle d’alerte s’appelait le tocsin.
Elles annoncent également l’heure et ont annoncé la fin des guerres de 14 18, et 39 -45.
Du jeudi saint au samedi saint, il était d’usage durant ces trois jours de la passion du Christ, afin de s’associer à son agonie, de ne pas faire sonner les cloches, qui étaient parties à Rome (1). Aussi il était demandé aux enfants de chœur et ceux du catéchisme, de faire jouer leur crécelle (cascarette).